Préserver à la fois l’agriculture du territoire et les ressources en eau est l’un des enjeux essentiels auxquels doit faire face Bayeux Intercom, qui assure la distribution de l’eau potable. Pour maintenir la
qualité de l’eau sur le long terme, la communauté de communes a établi avec l’aide de ses partenaires* un programme d’actions visant à accompagner les agriculteurs dans de nouvelles pratiques. Afin de limiter limiter le recours aux engrais azotés et aux produits phytosanitaires, les premiers essais de couverts végétaux se sont déroulés en septembre dernier, sur la parcelle d’un agriculteur volontaire à Sommervieu.
Une couverture végétale efficace pour les sols
La couverture végétale des sols en hiver est une obligation issue de la Directive Nitrates pour les zones vulnérables de la Région Normandie. Cette pratique consiste à semer, entre la récolte d’une culture principale et le semis de la culture suivante, une ou plusieurs espèces de plantes de manière à structurer le sol pour limiter le ruissellement des eaux lors des épisodes de fortes pluies. Les parcelles sont ainsi couvertes mais aussi cousues par les racines, ce qui limite le lessivage des sols. Grâce aux plantes en association, le sol occupe également le rôle de système épurateur. À la stabilité des terres s’ajoute donc une autre vertu propre au couvert végétal, et qui retient toute l’attention de l’intercommunalité : la réduction de la pollution des eaux souterraines par les nitrates.
Des premières expérimentations concluantes à Sommervieu
Afin de mieux évaluer l’efficacité de certaines plantes dans l’absorption des nitrates, Bayeux Intercom et la Chambre d’agriculture ont réalisé plusieurs essais de couverts végétaux sur la parcelle d’un agriculteur à
Sommervieu. Tout en respectant l’obligation de ne plus laisser un sol nu après une récolte, la parcelle de huit hectares a été divisée en différentes sections pour y semer des couverts en septembre dernier. Radis fourrager, avoine et vesce sur une partie ; seigle, trèfle et vesce sur une deuxième… Au total, huit essais de plusieurs compositions de semis ont été réalisés, recouvrant les sols avant les prochaines cultures de printemps.
Des prélèvements réalisés dans le sol fin novembre, sur 90 centimètres de profondeur, ont permis de savoir quel type de couvert est le plus performant d’un point de vue économique et environnemental. Les résultats montrent que lorsque les sols sont couverts, l'azote présent sous forme de nitrates est davantage capté. De cette manière, on constate moins de nitrates pouvant migrer vers les nappes d'eau souterraines. Quand seules 22 unités d'azotes sont captées dans un sol non couvert, 47 sont captées lorsqu'a été semé un mélange de radis, féveroles et phacélie. Ce mélange apparaît être le plus efficace des mélanges testés pour la captation de l'azote. Et a fortiori, plus la biomasse des couverts est importante, mieux l'azote est capté.
L’accompagnement vers les changements de pratiques
D’autres expérimentations, entièrement financées par Bayeux Intercom, auront lieu au cours des prochains mois en collaboration avec d’autres agriculteurs volontaires dont les exploitations sont situées
sur le territoire des aires d’alimentation de captage. Cette fois-ci, les essais se dérouleront sur les prairies et les types de fourrage. Des cultures innovantes pour notre région, économes en engrais et produits phytosanitaires seront testées comme le chanvre, le quinoa ou le sarrasin. L’objectif étant de démontrer qu’adopter des systèmes de culture et d’élevage différents, et de surcroit économiquement performants, est possible.
* Partenaires du Programme : Syndicats mixtes d’alimentation en eau potable des Trois Cantons, de Maisons-Port-en-Bessin-Huppain et du Vieux Colombier, Agence de l’eau Seine-Normandie, Chambres d’agriculture de Normandie, partenaires du monde agricole, représentants locaux des agriculteurs.